Le terrain politique ivoirien est en ébullition à mesure que 2025 approche. Alors que la bataille électorale n’est pas engagée, les candidats en lice se font connaître de plus en plus. ADO qui s’est offert un 3e mandat est le candidat naturel du RHDP pour 2025. Contre vents et marrées. La boulimie du pouvoir jusqu’à la compromission.
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La Côte d’ivoire d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) veut-elle faire oublier ce que fut celle de Bédié et de Gbagbo ? Ces temps-ci, la précampagne électorale laisse voir en perspective de grandes batailles électorales pour la présidentielle de 2025 et un enjeu de taille pour l’avenir de la nation ivoirienne. Avec un troisième mandat dont l’amorce en 2020 a été aussi douloureuse que crisogène, créant la division dans son propre camp et la division au sein de la société ivoirienne, ADO qui a repris du poil de la bête veut rempiler en 2025, fort de son bilan de 15 ans d’exercice du pouvoir d’Etat, malgré la fracture sociale à son compteur.
Les circonstances ont changé avec les acteurs, les peurs des années 2010-2011 sont loin derrière, l’armée semble se mettre au-dessus de ses querelles intestines pour préserver son unité et son harmonie ; le truculent allié et ancien premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, est tenu loin de l’arène politique ivoirienne. Avec un Gbagbo qui semble perdre pied et un peu fragilisé, quoi qu’on dise après les dissensions politiques ayant conduit à la création de son nouveau parti PPA-CI, avec un Blé Goudé isolé qui entend se porter candidat comme Gbagbo malgré les condamnations qui planent sur les deux têtes, ADO se sent en roue libre pour se porter candidat pour une quatrième fois et même espérer gagner les élections, sans coup férir. Le contexte actuel s’y prête, avec une opposition politique moins unie, moins solidaire et atomisée par les offres tactiques d’un ADO qui ne veut aucunement prendre le risque de voir venir à la tête du pays un ennemi qui pourrait lui faire voir des vertes et des pas mûrs, lui pourrissant ses vieux jours quand il aura pris sa retraite politique. Mais, à quoi servira un quatrième mandat pour ADO ?
Une interrogation lourde de sens pour qui sait le passé et le présent du président ADO. Jusqu’à preuve du contraire, la crise post-électorale de 2011 dont les responsabilités ont en partie été portées contre Gbago et Blé Goudé n’a pas totalement été gérée. Ceux-ci ont passé près d’une décennie derrière les barreaux à la CPI, pour ensuite se voir disculper de toutes les charges ou chefs d’accusations portés à leur encontre, par ce que d’aucuns considèrent comme la justice des vainqueurs. Le camp Gbagbo a été jugé, mais le camp Ouattara est épargné jusque-là. Et tôt ou tard, il faudra interroger le camp Ouattara sur ses responsabilités dans cette crise de 2011 qui a causé plus de 3000 morts, des millions de blessés et déplacés, sans compter les dégâts matériels au niveau national.
Un 4e mandat pour quoi faire ?
Dans le meilleur des cas, si la succession de ADO est assurée par un de ses partisans du RHDP, il aura moins à craindre dans une éventuelle procédure judiciaire se rapportant à la crise post-électorale de 2011. Rien que dans cette perspective, ADO est prêt à mourir au pouvoir ou, à tout le moins, à passer la main à un de ses obligés, pour assurer ses arrières. Pour avoir ostracisé son ancien bras droit, Guillaume Soro, jugé trop ambitieux et pressé de lui succéder à la tête de l’Etat, il est presque certain que, avec l’exil forcé et sa condamnation à 20 ans de prison par contumace, même si par extraordinaire ADO lui accordait la grâce présidentielle et lui permettait de rentrer au pays, il est sûr que les relations entre les deux hommes resteront marquées par cette crise de confiance entre eux. Certes, en politique, tout est question d’intérêt du moment, et il n’est pas exclu que face aux enjeux politiques les deux redeviennent amis et coéquipiers dans un même camp. Mais même avec cela, il est à craindre que les alliances avec les forces en présence fassent basculer les centres d’intérêt et que Soro veuille prendre sa revanche sur son ex mentor.
C’est en ce moment que certaines vérités jusque-là jamais entendues pourraient sortir. Notamment sur la rébellion de 1999 et ses conséquences, la crise post-électorale de 2011 et ses conséquences et même la crise consécutive au 3e mandat d’ADO qui a fait des morts, des blessés et des exilés.
En attendant, la configuration actuelle des choses laisse voir que ADO passe pour le favori pour la présidentielle à venir. Même avec un Gbagbo et un Goudé dans les startings blocs, il est presque certain que ADO a les moyens et l’appareil d’Etat avec lui pour battre campagne et espérer l’emporter. Mais il ne s’agit pas de gagner cette fois-ci, mais plutôt de savoir quoi faire d’une 4e victoire. Va-t-il réconcilier la RCI avec elle-même ou bien va-t-il renforcer la division et compromettre son propre sort, un peu à l’image de l’ex président burkinabè, Blaise Compaoré, dont le sort n’est nullement enviable ? L’histoire nous le dira.