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Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso est la plus grande ville du pays. Elle a une superficie de 219,3 km2 et une altitude de 305m, occupée par une population estimée à environ 2,8 millions d’habitants. Cependant, elle fait face à un défi d’assainissement. Les poubelles publiques se confondent maintenant aux dépotoirs. Un constat dans le quartier Tampouy et Kilwin, situé dans l’arrondissement n°3, nous laisse sans voix. Les bacs à ordures installés dans ces différents secteurs sont saturés et ne sont pas vidés. Avec la saison pluvieuse qui s’annonce, les habitants et les riverains entre désespoir et colère lancent un cri de cœur aux autorités communales.
La pluie venait de tomber dans la capitale tôt le matin. Quelques heures après qu’elle ait cessé, nous avons emprunté l’itinéraire de la route nationale n°2, axe Kongoussi-Ouahigouya avec pour destination, l’arrondissement n°3. Malheureusement, les rues de l’arrondissement ne nous ont pas facilité la tâche, car elles nous ont mis dans une lutte avec leurs nids de poules ou d’éléphants par endroits qui permettent aux eaux de pluie et la boue de prendre complètement le dessus sur le bitume. Malgré tout, nous avons bravé ces obstacles avec la seule conviction de faire le maximum de parcours pour constater le niveau d’assainissement de cette partie de la ville. C’est en ce moment que nous seront consternés par un spectacle devant quelques dépotoirs d’ordures. Toute sorte d’ordures ménagères versées ça et là à même le sol, occupant presque la voie.
Une odeur nauséabonde dégageait de ces immondices et forçait chaque passant à se boucher les narines. De Tampouy, à quelques deux mètres du district sanitaire de Sig-noghin, nous nous sommes dirigés vers le marché “Poussière Yaaré”, avant de nous rendre à Kilwin, puis derrière le lycée municipal, où sont installés ces grandes poubelles publiques. Mais le constat était le même. Par manque de bac ordure, la population y abandonne leurs déchets dans le vide, car estime-t-elle, “c’est une maison à ordure”.
Dans certains endroits, nous avons trouvé un seul bac dont sa vision demande une attention particulière, car il a été ingurgité par les déchets. Selon Clément Compaoré, gardien d’une poubelle publique à Tampouy au secteur 16, il y a plus d’un an que le contrat signé entre l’État et l’Entreprise burkinabè des travaux et d’équipement (EBTE) sise à Somgandé, a pris fin sans être renouvelé. Il explique alors que c’est depuis le mois de janvier que s’est effectuée la dernière vidange des ordures. Les bacs que la société avait placés ont été aussi retirés. Ce sont les mêmes explications qu’on laissé entendre Alexandre Ouédraogo et Lazare Bembamba, gérants des poubelles publique à l’arrondissement 3.
Alexandre Ouédraogo dit pourtant être retourné sur les lieux le 18 mai à la demande des agents de la mairie, pour empêcher les habitants d’y jeter encore les déchets, parce que le lieu était évacué. Mais, à l’écouter, il a du mal à faire respecter les ordres des autorités communales, car les gens viennent jeter les ordures la nuit en catimini. Néanmoins, il dit avoir essayé d’interpeler ceux qu’il voit, mais cela tourne très souvent aux disputes. “Pourtant je suis vieux et je n’ai plus la force pour ces choses ”, a-t-il soupiré, avant de poursuivre. “ Pour empêcher les gens de jeter les ordures dehors, je les indique l’angle où ils peuvent déposer en attendant la reprise du travail. D’une part ils ont raison car n’ont vraiment pas où les jeter”.
En cette saison pluvieuse, la population s’inquiète des risques de maladies que cela pourrait occasionner. Jean-Paul Zongo, gérant de kiosque derrière le mur du centre d’ordure à Tampouy, visiblement en colère, fustige : “ils avaient déposé des bacs à ordures, mais je n’ai pas su pourquoi ils sont venus les enlever. Pourtant, c’est eux qui ont construit ça pour la population et maintenant ils veulent les interdire de jeter les ordures. Où est-ce qu’ils vont les mettre. Les odeurs nous dérangent ici, mais nous ne savons quoi faire. Hier après la pluie, quand nous sommes arrivés on ne pouvait pas s’asseoir ici, car l’odeur était insupportable. Avant, lorsqu’il y avait les bacs personne ne pouvait savoir que c’est une poubelle ici, parce que le lieu était très propre et ils venaient régulièrement vider. C’est ce qu’ils doivent reprendre”.
Taoko Moussa, commerçant dans les encablures du centre de santé de Sig-noghin plaide pour les malades.” Nous sommes ici, non loin de la maternité et à quelques mètres de la poubelle publique, pour chercher aussi de quoi nourrir nos familles. Mais, nous sommes vraiment attristés par ce que vous même vous voyez (ndlr : il nous montre du doigt les ordures). S’ils peuvent venir ramasser les ordures et déposer des bacs qu’ils videront régulièrement, nous en serons très reconnaissants et cela nous évitera des maladies. Toi même tu vois, ce sont des moustiques et les odeurs. Pourtant si un malade vient pour se soigner et repart avec d’autres maladies, ce n’est pas bon. Après la fête de Tabaski, les gens ont jeté des choses ici qui sentait très mauvais. Mais, on ne pouvait que supporter seulement”.
Bibata Ouédraogo, une quinquagénaire, vit à Kilwin non loin des immondices. Elle ne sait plus qu’elle comportement adopté avec ceux qui jettent les ordures, car elle a essayé de les empêcher en vain. “ Ils laissent ça juste au bord du mur au lieu d’aller devant. Pourtant, nous en faisons face et le vent ramène les sachets jusqu’ à ma porte. Je suis obligé à chaque fois de demandé à l’enfant de balayer. Ma famille et moi respirons les odeurs même quand nous sommes dans la cour. Nous souhaitons vivement que ces ordures soient ramassées.
Daouda Ouédraogo, résidant également de Kilwin renchérit : “ C’est la saison pluvieuse et sincèrement s’ils ne viennent pas enlever ça, c’est pour nous provoquer que des maladies. Même la journée les moustiques sont partout. Nous ne pouvons pas vivre avec ça, non”. Vivement que les autorités ne fassent pas le sourd d’oreille face à ces doléances, car comme le disait Montesquieu, la propreté est l’image de la netteté de l’âme. Le Burkina Faso, un pays tant respecté et aimé dans le tiers-monde doit aussi présenté un beau visage.