Connu sous le nom de Amzy, Amza Ganem, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a débuté sa carrière musicale en 2009. Il a su faire parler de lui à travers des titres qui reflètent la réalité des jeunes burkinabè. Toutefois, il a enchainé les singles pour ensuite sortir son premier album en 2019. Avec trois albums à son actif, le Gandaogo remporte le Kundé d’or 2024 et vise encore plus loin. Dans cette interview qu’il nous a accordée le 26 juin 2024 à Ouagadougou, l’artiste musicien revient sur les débuts de sa carrière, ses relations avec les autres artistes, mais aussi sur ses perspectives.
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Qui est l’artiste Amzy ?
Je suis Amza Ganem à l’état civil, Amzy est mon nom d’artiste. Mais on m’appelle affectueusement le Gandaogo, ce qui signifie « guerrier ».
Quelle est l’histoire du nom Gandaogo ?
Le nom m’a été donné par mon entourage car ils ont remarqué que je ne mâchais pas mes mots. Je dis les choses telles que je les vois, j’affronte et j’assume ce que je fais. C’est là qu’ils ont commencé à m’appeler le Gandaogo.
Comment vous vous êtes lancé dans la musique ?
Au début j’étais avec un groupe et chaque mois, nous balancions des sons sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. Après, j’ai décidé de me lancer en solo. Dès que j’ai commencé le premier son, je n’ai pas eu besoin de le mettre sur les réseaux sociaux. On s’est juste partagé le son par Bluetooth. C’était aussi une chanson controversée dans le but de se faire un petit nom avant de poursuivre. Dans les ghettos (ndlr : quartier général) , les gens écoutaient la chanson et appréciaient sans pour autant connaitre l’artiste. C’est au bout de 5 à 6 sons que je me suis fait remarquer par une maison de production « Destiny prod » qui m’a vraiment aidé avec professionnalisme.
A quand remonte votre premier son ?
J’ai commencé à rapper depuis 2009, mais mon premier son remonte à 2015. Quant au premier album, il date de 2019. Et j’ai 3 albums à mon actif, à savoir « Insurrection » en 2019, « Ma mission » en 2021 et « Libre » en 2023.
Quelle appréciation vos mélomanes réservent à vos albums ?
J’ai été surpris par l’accueil de mon premier album, cela m’a étonné car «je venais d’arriver et j’avais faim et on m’a vraiment servi à manger ». Le deuxième plutôt bien, mais j’espérais mieux, car je voulais être plus connu à l’international, mais je me suis juste contenté d’être star nationale ou grande star nationale. Et le troisième a commencé à m’ouvrir des portes à l’international. Alors je dresse un bilan positif.
Quelle est la particularité de votre musique par rapport aux autres ?
Je pense que c’est ma vision qui fait la particularité. Le fait d’avoir un public cible à chaque chanson. Essayez de réfléchir comme eux et chercher ce qui va les toucher émotionnellement.
Quel est votre public cible ?
Mon public cible c’est tout le monde, mais chaque chanson que je produis a un cible. Voilà pourquoi on peut trouver des gens à un concert de Amzy qui ne se ressemblent pas du tout, qui ne sont pas de la même classe sociale, n’ont pas les mêmes âges. Tout le monde y trouve son compte.
Vous aviez commencé par le rap, mais actuellement on vous écoute dans d’autres rythmes. Pourquoi ce mixage ?
J’aime la recherche, j’explore d’autres horizons. C’est pourquoi je fais d’autres styles pour d’abord me convaincre que j’en suis capable. Je le fais aussi parce que je pense que je peux le faire et tant que je peux le faire, je le ferai toujours.
Parlons un peu de ce titre « Bienvenu à Ouaga ». Qu’est-ce qui vous a inspiré à composer ce son ?
« Bienvenue à Ouaga » est vraiment l’un des titres qui ont lancé Amzy. Je pense que l’inspiration est venue tout naturellement car j’ai reçu des étrangers un jour dans un kiosque situé au quartier Larlé. Une fois installés, nous avons entendu un bruit de taxi moto pas très agréable et mon ami m’a demandé : « c’est quoi ça ? ». C’est ainsi que je lui ai répondu : « Bienvenue à Ouaga ». Je me suis alors dit que je peux transformer cette idée en une chanson. La première idée qui m’est venue à l’esprit en ce moment c’est Taxi moto qui passe kôyôkôyô, et là, j’ai essayé de dépeindre les aspects négatifs et surtout positifs de la ville de Ouagadougou.
Parlons surtout de ces aspects positifs de la ville que vous avez abordés dans ce son. Est-ce qu’après la sortie du son vous avez eu un retour des autorités de ville de Ouagadougou ?
Je n’ai pas eu de retour des autorités communales. Peut-être que j’aurais dû aller les chercher. Mais je ne l’ai pas fait. Ce n’était pas un contrat avec les autorités. En tant que Ouagalais, j’ai le devoir de magnifier cette ville.
Revenons maintenant sur votre titre « Wa locké ». D’aucuns disent qu’à travers ce featuring, Greg vous a révélé au monde. Qu’en dites-vous ?
Je pense que c’est ma plus grande réussite, en parlant du coté création musicale. C’est la chanson la plus populaire. C’est un son que j’ai composé entièrement et il y avait des mélodies que je chantais avec la voix de Greg qui a eu son heure de gloire et qui a un immense talent. C’est alors que je lui ai fait appel. La chanson nous a tous rapporté. C’était mon son et Greg y a posé sa voix et ce fut un succès. Le reste, on s’en fout.
Comment avez-vous vécu votre concert du 24 février dernier au stade municipal ?
C’était extraordinaire ! C’était un rêve et le voir se concrétiser, c’était extraordinaire pour moi. Je pense avoir réussi à réaliser un rêve cher pour tout artiste et mon émotion est inexplicable.
Il se murmurait que vous avez dû à un moment donné partager des tickets gratuitement pour pouvoir remplir le stade. Est-ce vrai ?
A la base on fait de la musique pour se faire plaisir, mais aussi pour en tirer un bénéfice. Alors, si l’on doit organiser des concerts et ensuite donner des tickets gratuitement, pour moi cela n’a aucun sens. Il peut avoir des mécènes qui achètent les tickets et les partagent. Mais cela est une façon de nous soutenir et on ne dit pas non à cela. Il ne sert à rien de faire un concert payant où tu dois partager des tickets. Si tel est le cas, c’est mieux de le faire gratuitement.
Vous avez été sacré Kundé d’or 2024, quel peut être l’impact de ce trophée sur votre carrière musicale ?
Le Kundé d’or est le plus grand sacre de la musique burkinabè et l’avoir, c’est déterminant pour la suite. Cela signifie que je représenterai le Burkina toute une année. Donc, ce sera un plus pour moi lors de mes sorties. Cela facilitera également d’éventuelles collaborations et la promotion de ma musique. Cela aura un impact positif sur ma carrière. C’est en même temps une pression, car je n’ai pas droit à l’erreur.
Amzy ambitionne-t-il conquérir l’international ?
Bien sûr !! Certains me disent que je n’ai plus rien à prouver au Faso. Mais je crois qu’il y a encore du boulot. L’international c’est l’objectif, mais comme on le dit souvent, le plus difficile ce n’est pas de monter, mais d’y rester pendant longtemps. C’est un combat que je mène pour pouvoir espérer monter. On travaille à monter encore plus sur le toit de la musique burkinabè mais aussi à l’internationale.
Des concerts sont-ils prévus les jours à venir à l’international ?
Je prévois des concerts à l’international même si je n’ai pas de dates précises pour le moment. Je compte aller en Italie, en Belgique et aux Etats Unies pour une tournée.
Beaucoup parlent de votre look, quelle est votre réaction sur ses commentaires ?
Pour moi être classe, ce n’est pas artiste. L’artiste est extravagant, il est différent tout simplement. C’est ce qui fait de moi un artiste, je ne fais pas semblant. Je comprends qu’il y a d’autres qui n’arrivent pas à accepter la différence mais je pense que les commentaires positifs priment sur les commentaires négatifs.
Comment sont vos relations avec les autres artistes ?
J’ai de très bonnes relations avec la plupart des artistes.
Que pensez-vous de la musique burkinabè actuellement ?
Elle est en voie de progression. Je pense que les acteurs de la musique ont compris comment les choses doivent se passer. Ils ont compris qu’il faut travailler ensemble pour espérer réaliser un très grand exploit. Et aujourd’hui on constate que les créations sont encore meilleures. On peut se mettre au même niveau que ceux de l’international.
Quelles sont les difficultés que traverse Amzy dans la musique ?
C’est le manque de moyens et aussi des problèmes de compréhension. Se faire comprendre en tant qu’artiste au Burkina ce n’est pas facile. C’est un peu ces difficultés qu’Amzy rencontre.
Qu’est-ce que la musique peut apporter au pays en ces temps de crise sécuritaire.
La musique parle à l’âme. Une musique peut changer un homme qui, à son tour changera un autre et ainsi de suite. Elle peut faire changer la manière de voir les choses. Elle peut également sensibiliser. Tout burkinabè doit être fier de son pays et savoir qu’on a nulle part où aller et on doit tout donner pour le Burkina.
Amzy vit-il de la musique ?
Je vis de la musique et la musique me permet de mener d’autres activités.
Que peut-on attendre de Amzy dans les jours à venir ?
Encore beaucoup de sons et aussi des voyages.
A quand votre prochain album ?
Je ne pense pas à un prochain album pour le moment, je suis sur d’autres projets et vous en aurez des nouvelles.
Votre mot de fin
Je dis merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de certains de mes rêves et merci à ceux qui vont nous aider encore à réaliser de nouveaux rêves. Car le rêve fait grandir et je pense que je pourrai les réaliser tous.
Interview réalisée par Wendpayangdé Marcelin KONVOLBO et Samiratou COMPOARE (Stagiaire)