L’Association d’Appui et d’Éveil Pugsada (ADEP), en partenariat avec la Coalition Nationale contre le Mariage d’Enfants (CONAMEB) et l’ONG Save the Children, a organisé, le jeudi 17 octobre 2024, un atelier d’information et de plaidoyer à l’intention des journalistes. L’objectif de cet atelier était de les équiper pour mieux informer le public et contribuer à la lutte contre le mariage des enfants au Burkina Faso.
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Le Burkina Faso figure parmi les dix pays africains les plus touchés par le mariage d’enfants, selon l’ADEP. En effet, 10 % des femmes burkinabè se sont mariées avant l’âge de 15 ans et 52 % avant l’âge de 18 ans. Madame Hortense LOUGUE, directrice de l’ADEP, a précisé que les régions les plus concernées sont le Sahel, l’Est, le Centre-Nord, les Cascades et la Boucle du Mouhoun. Depuis 2018, l’ADEP et son partenaire technique et financier Save the Children International (projet PRECOSC AME et projet Sini Gnènigui), en collaboration avec la CONAMEB, mène un plaidoyer auprès des autorités burkinabè pour la révision du Code des Personnes et de la Famille (CPF).
Ce plaidoyer a abouti à l’adoption du CPF en Conseil des ministres le 10 juillet dernier, fixant l’âge légal du mariage à 18 ans, au grand soulagement des acteurs impliqués. Toutefois, cette loi n’a pas encore été validée par l’Assemblée législative de transition, et il subsiste une dispense permettant aux filles âgées de 16 à 17 ans de se marier avec l’autorisation d’un juge, ce qui maintient la nécessité de poursuivre le plaidoyer, selon Eulalie YERBANGA, coordonnatrice nationale de la CONAMEB.
Les intervenants ont souligné que les journalistes jouent un rôle clé dans cette lutte. À l’échelle mondiale, environ 15 millions de filles sont mariées chaque année avant l’âge de 18 ans, dont 39 % en Afrique subsaharienne. Lors de cet atelier, les participants ont été informés sur la problématique du mariage d’enfants, ses causes, ses conséquences, ainsi que sur les stratégies de communication et les acteurs clés de la lutte contre ce fléau. Selon Eulalie YERBANGA, les causes principales sont économiques, religieuses et coutumières. Cette pratique entraîne des effets dévastateurs sur la santé des jeunes filles, notamment en augmentant le risque de mortalité maternelle et infantile.
Face à cette réalité, la coordonnatrice de la CONAMEB a indiqué que des programmes sont mis en œuvre par les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers, comme le projet « CHAM», le plan international en collaboration avec l’ADEP, le projet EOL mené par la CONAMEB et Filles Pas Épouses. Elle a fait aussi mention d’une synergie d’action entre les organisations et leur fédération en coalition, d’où la création de la CONAMEB. L’État, de son côté, déploie des actions à travers la Stratégie Nationale de Prévention et d’Élimination du Mariage d’Enfants (SNPEME). Cependant, les défis demeurent nombreux, notamment en raison de la fermeture des écoles liée à l’insécurité, ce qui a favorisé l’augmentation des mariages d’enfants.
Le Burkina Faso a ratifié plusieurs conventions internationales relatives aux droits de l’homme et à la protection des enfants. Madame Eulalie YERBANGA estime qu’une mobilisation accrue des ressources, une meilleure coordination entre les acteurs pour la mise en œuvre efficiente de la SNPEME, ainsi qu’une harmonisation des interventions, pourraient constituer un levier efficace pour intensifier la lutte et atteindre les objectifs fixés.