
Edito/Burkina: la justice au cœur des dossiers brulants
Le Burkina Faso vit une période marquante de son histoire judiciaire, portée par une volonté manifeste de transparence et de lutte contre la corruption. Le mois de novembre a été le théâtre d’un procès aux répercussions symboliques et médiatiques majeures, un procès qui restera gravé dans les annales pour son caractère inédit. Pour la première fois depuis l’ère des Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR), un procès pour détournement de fonds publics a été diffusé en direct sur les ondes de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB). Ce choix de la retransmission publique traduit un pas important vers une justice plus accessible et ouverte aux citoyens.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Au cœur de cette affaire emblématique, connue sous le nom de « l’affaire Tiégnan », des responsables du ministère de l’Action humanitaire ont été mis en cause pour leur gestion frauduleuse des deniers publics. Cette transparence, accueillie favorablement par la population, illustre une volonté des autorités judiciaires de renforcer la confiance des citoyens en leurs institutions. Mais le chemin vers une justice équitable et efficace ne fait que commencer, et d’autres dossiers brûlants sont en cours d’examen.
Des dossiers sensibles et des figures politiques impliquées
À peine le procès de l’affaire Tiégnan achevé, le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouaga 1, Blaise Bazié a levé le voile sur de nouvelles procédures impliquant des personnalités influentes. Parmi elles, l’affaire du Stade du 4 Août suscite une vive attente dans l’opinion publique. Ce projet, supposé être une fierté nationale, est aujourd’hui terni par des soupçons de malversations financières.
Une autre affaire d’envergure met en cause l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé. Cette série d’enquêtes illustre le défi titanesque auquel fait face le système judiciaire burkinabè.
Dans le prolongement de l’affaire Tiégnan, un nouveau volet impliquant Yé Camille, est également en cours. La détermination de la justice à poursuivre ces enquêtes jusqu’à leur conclusion enverrait un signal fort : celui d’un système désormais résolu à ne plus tolérer l’impunité.
Une réforme judiciaire pour accélérer les procédures
Face à l’accumulation de dossiers en attente de jugement, la justice burkinabè a mis en œuvre l’opération « Casier vide », visant à désengorger les tribunaux. Des milliers de dossiers dormant dans les tiroirs seront ainsi traités pour donner un coup d’accélérateur aux procédures judiciaires. Cette initiative pourrait restaurer la confiance des citoyens et améliorer l’efficacité des tribunaux.
En parallèle, le procès de l’attaque de l’état-major général des armées se poursuit au tribunal Ouaga 2. Cet autre procès est suivi de près par les familles des victimes et l’ensemble de la nation. Sa gestion exemplaire renforcerait encore davantage la crédibilité de la justice dans sa lutte contre le terrorisme et l’insécurité.
Un tournant historique
La dynamique actuelle de la justice burkinabè marque une rupture claire avec les pratiques du passé. Si des défis importants restent à relever, notamment en matière de moyens logistiques et humains, l’engagement affiché par les magistrats est porteur d’espoir. Le recours à des procès publics, la poursuite des personnalités influentes et l’accélération des procédures judiciaires montrent que la justice burkinabè se met résolument au service du peuple.
Ce vent de réforme est une étape indispensable pour consolider l’État de droit au Burkina Faso. Toutefois, seule la continuité dans l’application des principes de justice, d’équité et de transparence permettra de transformer ces efforts en des gains durables. Les Burkinabè, épris de justice et de vérité, n’attendent rien de moins qu’une rupture totale avec l’impunité qui a longtemps miné leur confiance dans le système judiciaire
Par Wendpayangdé Marcelin Konvolbo