Les tomates fraiches sont devenues de l’or pour de nombreux ménages à Ouagadougou. Et pour cause, les prix de ces légumes ont connu une hausse sur le marché. Les légumes sont devenus rares et les quantités servies aux clients ont considérablement diminué. Un tour dans quelques marchés de la ville de Ouagadougou nous a permis d’en savoir plus sur les raisons de la flambée des prix des légumes.
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Par Samiratou Compaoré (Stagiaire)
Il est un peu plus de 10h en cette matinée du dimanche 23 juin 2024, lorsque nous arrivons au marché de Paglayiri, un quartier de Ouagadougou. Les vendeuses installées derrière leurs étals n’hésitent pas à héler les potentiels clients pour leur demander d’acheter leurs marchandises. Nous apercevons Raïssa Kiendrebeogo qui venait acheter les condiments pour son restaurant « L’assiette magique ». Elle ne semble pas affectée par les prix élevés des légumes. « Aujourd’hui, ça va par rapport au mois dernier ou il fallait débourser 1000 F pour 5 petites tomate », confie-t-elle. « On se débrouille du mieux qu’on peut pour satisfaire les clients, mais c’est pas du tout simple », ajoute-t-elle avant d’indiquer « si on augmente le prix des repas au restaurant, on perdrait nos clients, donc on fait le nécessaire en espérant le retour des grosses vaches ». Une jeune à l’accent nigérian qui passait, semblait mécontent et nous explique en ces termes « Voyez, vous-même, ces 4 petites tomates, on me dit 500 F; vraiment on ne sait plus à quel saint se vouer. J’irai payer du concentré de tomates, c’est mieux ». Elle bafouille et repart surpris et très déçu de ce qu’elle vient de constater.
La crise sécuritaire en c ause
Si d’habitude les légumes sont parfois rares à une certaine période de l’année, la situation semble beaucoup plus critique cette année que les années précédentes. Les vendeuses expliquent cette situation inhabituelle par la crise sécuritaire dans le pays.
Zoungrana Fatimata, vendeuse de tomates et oignons au marché de Paglayiri à Ouagadougou s’approvisionnait au paravent au marché de la cité An II, se rend maintenant à Larlé. Et malgré tout il faut d’ailleurs se lever de bonne heure au risque de rater les meilleures tomates et oignons selon elle. Cette dernière explique également que la hausse des prix des condiments à commencer pendant le mois de Ramadan. Au début on pensait que c’est parce que la demande était plus forte, mais au fil du temps rien n’a changé.
Cette rareté et cette cherté des condiments, surtout de la tomate, est due à la crise sécuritaire, pour beaucoup de femmes au marché. En effet, pour la jeune Fatimata, beaucoup de producteurs ont dû fuir leurs zones d’habitation comme Ouahigouya et Yako pour s’exiler sur d’autres terres, abandonnant ainsi leur production du fait des attaques terroristes. La production ayant baissé alors que la demande est toujours forte , les commerçants sont donc obligés de se ravitailler souvent hors de nos frontières régionales. Zoungrana Fatimata nous indique qu’elle achète la caisse de tomates à 175 000 F et le petit yarre à 125 000 F.
Elle souligne que c’est avec beaucoup de chance qu’on peut tomber sur de bonnes tomates, puisque avec l’effet du soleil et les difficultés de conservation, les tomates pourissent rapidement. Une raison de plus pour notre vendeuse qui dit avoir arrêté a vente à un moment donné, avant de se voir obligée, par la force des chose, de reprendre la vente sous la pression familiale. « Les gens disent que la flambée des prix est due à la crise sécurité. Et si l’on doit prendre en compte les frais de transport et les pertes liées au pourrissement de certaines tomates au cours du trajet, c’est souvent à perte que la commerçante vend ce légume cher », nous explique Zoungrana Fatimata qui ajoute: «La vendeuse achète les tomates venues du Maroc.
Présentement le petit panier est à 20 000 F souvent à 25 000 F. Avec les clients, c’est la débrouille, ils ont raison, ils n’achetaient pas à ce prix avant, mais qu’ils nous comprennent également ». Elle dispose des tas de 500 F, constitués de 4 tomates, et des tas de 1000 F, constitués de 7 tomates. Cependant, elle arrive à se faire un bénéfice même si cela n’est pas satisfaisant, soutient-elle. Sa prière, est que la paix revienne au Faso, la seule condition pour que les prix baissent, à son avis.
Après le marché de Paglayiri, nous mettons le cap sur le marché de la Cité An II, dans la ville de Ouagadougou. Dans une ambiance assez dense. On remarque qu’il y a plus de marchands ambulants que de marchands assis sous leurs tentes.
Zombré Asseta est vendeuse grossiste d’oignons au marché de la cité An II. « Il faut être dedans pour comprendre » nous dit-elle dès les premiers échanges. Elle dit avoir pour habitude de commander les oignons des villages un peu reculés qui, actuellement traversent une situation sécuritaireinquiétante pour la plupart, selon elle. Là-bas, elle pouvait avoir les oignons à bon prix. « Ceux avec qui nous commandons ‘arrivent plus dans ces lieux », fait-elle observer. Actuellement, c’est c’est dans le village de Yalgo qu’elle s’approvisionne. Une fois au marché à Ouagadougou”, elle revend aux détaillants le filet de 10kg à 5000 F et le filet de 25 Kg à 25 000 F, selon ses explications.
Quant aux dames qui revendent les légumes dans les différents quartiers qu’on appelle communément « petits marchés », elles disent le faire pour ne pas rester à ne rien faire.
Se renseigner avant de commander «sauce tomate» au restau
Adja Lalé, la soixantaine bien sonnée, dit avoir fait un petit étal de légume pour s’occuper prioritairement. Mais, il arrive aussi souvent qu’elle gagne un peu de bénéfice dans la vente. Ces derniers temps, dit-elle, « si tu as pu avoir le prix total de ton achat sur la vente des légumes (oignons, tomates), c’est comme on le dit couramment «c’est un miracle», vitupère-t-elle. Parfois, certains clients ironisent en ces termes: « c’est cher, c’est pour payer un avion avec le bénéfice ou bien? ».
Une ironie qui ne fait pas du tout rire, à l’entendre, puisque « on est tous au courant des réalités du pays», soupire-t-elle. A partir des constats sur ces marchés que nous avons parcourus, il est évident que la tomate est devenue un légume difficilement à la portée de beaucoup de menages, les plus pauvres parmi ces menages pourraient s’en passer pour leur cuisine. Surtout les familles nombreuses où réussir une bonne sauce pour tous peut réléver de l’exploit ou de la magie, à bien des égards. En attendant que les prix du légume «tomate» baissent, il faut bien se renseigner avant de commander du riz sauce tomate dans nos restaurants. Que ce soient les restaurants de fortune ou les restaurants «VIP» ou ceux faussement identifiés comme tels.