Ouahigouya, capitale de la province du Yatenga et de la région du Nord connaît actuellement une amélioration de sa situation sécuritaire.Pour en avoir le cœur net,nous avons sillonné quelques villages .C’était le samedi 1er juin 2024.
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Par Abdoul Aziz Diallo(Correspondant permanent à Ouahigouya)
Deux itinéraires nous ont permis d’évaluer un tant soit peu la situation.Nous avons dans un premier temps pris la route de Thiou(Nord) qui débouche directement à la frontière malienne. A la sortie de Ouahigouya, notamment dans le village de Siguinvousse(secteur 14) , les populations vaquent tranquillement à leurs occupations. Ici, les forces de l’ordre (FDS) , appuyées par les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) veillent au grain, filtrant systématiquement les entrées et les sorties. À la hauteur du village maraîcher de Goinre, l’heure est au travail. De loin, on aperçoit facilement des familles entières en train d’arroser leurs tomates,choux, poivrons, carottes, courgettes,oignons… Hommes, femmes et enfants lèvent la main pour nous souhaiter le bienvenu lorsqu’ils aperçoivent notre véhicule. Un peu plus loin, nous arrivons dans le village de Toéce. Même si le trafic routier est moins intense, on observe une certaine sérénité au sein des habitants qui saluent la bravoure des combattants.
Il était 12heures 23 minutes lorsque nous sommes arrivés dans le village de Yabonsgo. Un accueil chaleureux à l’africaine nous y a été réservé d’autant plus qu’une habitante nous a formellement reconnu. Pas très loin de cette bourgade, le village de Bogoya. Même constat. Quand nous arrivions dans le petit village de Komsilga, le constat est ineffaçable : on observe aisément la destruction massive des habitations par des terroristes . A cela s’ajoutent l’incendie des greniers. Aux dires des occupants des lieux, personne ne pouvait s’y aventurer il y’a seulement quelques mois. Il était un peu plus de 13heures passées et un retour s’impose. Le second itinéraire nous a conduit sur l’axe Ouahigouya-Titao. Cette voie est en pleine activité du fait d’un bitumage. Police, gendarmerie, militaires, VDP , tous unis comme un seul homme sont au four et au moulin. Motos ,voitures autonomes et camions sont fouillés de fond en comble.
« vous allez nous aider à rassurer la population »
« C’est la première fois que nous voyons un journaliste prendre cette voie. A votre retour à Ouahigouya, vous allez nous aider à rassurer la population » , nous confie un pandore visiblement heureux de nous voir. De Rikou à Goulagou, en passant par Rapougma , on ne cesse de croiser les habitants en train de regagner leurs villages d’origine. Sur des motos, taxis motos ou encore des charrettes, ils sont sur le chemin de retour. Il était très exactement 14heures 03 minutes quand nous arrivions à Galagou, village qui abrite l’aérodrome de Ouahigouya. A vue d’œil, on voit un nombre impressionnant de FDS et de VDP qui font la navette entre les villages réinstallés ou en cours de réinstallation et leur base.
Les villageois y étaient regroupés attendant le feu vert de leur retour probable. Puis, subitement les regards attentifs éclatent de joie car les nouvelles sont bonnes. Des hommes sans foi ni loi qui occupaient illégalement leurs concessions y ont déguerpis. L’écrasante partie du groupe a été neutralisée. Ainsi donc, les villages de Tougou, Sologom et environs peuvent retourner. D L, un jeune officier, arme au poing, vient vers nous et nous salue respectueusement.
Après avoir décliné notre identité et l’objet de notre présence en ces lieux, notre vis-à -vis détend encore plus le visage et nous confie ceci : « Vous-même vous voyez que l’ennemi a fui. Ces populations que vous regardez vont bientôt rejoindre leur terre natale. Nous avons pris les dispositions pour gagner cette guerre et nous allons la gagner quoiqu’il advienne. Merci de venir constater de vos propres yeux les avancées sécuritaires dans le Yatenga. Cela va forcément discréditer tous ceux qui soutiennent mordicus que le Yatenga n’est plus inaccessible ». Avant de prendre congé de notre interlocuteur, celui-ci a pris soin de nous remettre le numéro de son supérieur hiérarchique.
Emu par l’accueil qui nous a été réservé, nous nous sommes permis, avec plaisir , de remettre une enveloppe à l’officier, question de l’encourager. Notre surprise fut grande: le vidasse a gentillement décliné l’offre avant d’ajouter : « C’est très gentil de votre part. Je suis conscient que ce n’est pas une forme de corruption, c’est un cadeau patriotique, mais permettez-moi de ne pas prendre cette enveloppe au regard de mon statut. Nous travaillons pour la nation et nous avons un salaire pour cela ».