Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Butembo, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) le mardi 15 octobre 2024. Ces derniers entendent ainsi exprimer leur colère face à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région. Ils accusent le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 et réclament un appui accru aux Forces armées de la RDC (FARDC).
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« Non à la négociation avec le M23 ! Oui à l’offensive et au soutien aux FARDC ! La population est derrière vous ! » pouvait-on lire sur les pancartes. Une autre interpellait l’Europe, lui demandant de « cesser le financement de la guerre au Congo ». Les manifestants, visiblement frustrés, ont exprimé leur désarroi face à la persistance du conflit.
Parallèlement, des négociations entre la RDC et le Rwanda se poursuivent à Luanda, sous la médiation de l’Angola, dans l’espoir de trouver une issue à la crise. Lors de la dernière réunion ministérielle, les deux pays ont convenu de répartir les responsabilités dans le cadre d’un plan harmonisé pour la neutralisation des FDLR, un groupe rebelle qui préoccupe particulièrement le Rwanda. Cependant, les manifestants de Butembo se montrent sceptiques quant à l’efficacité de ces pourparlers. « Le Rwanda avance sans cesse l’argument de la présence des FDLR en RDC, affirmant que nous devons les traquer », a déclaré Muhindo Shafi, membre de la société civile, à AfricaNews. « Je considère cela comme une distraction, et c’est pourquoi nous demandons à notre gouvernement de renforcer le soutien à notre armée républicaine, les FARDC, pour instaurer une paix durable », a-t-il ajouté.
Les manifestants ont également dénoncé les massacres perpétrés par le groupe terroriste ADF dans le Nord-Kivu depuis octobre 2014, qui ont fait plus de 17 000 victimes selon la société civile. « Nous sommes massacrés à Beni et dans le territoire de Lubero. Cela suffit. Donnez aux FARDC tous les moyens nécessaires pour qu’elles puissent frapper les rebelles du M23 et de l’ADF. Si je manifeste aujourd’hui, c’est pour dire non aux négociations. Nous ne voulons plus revivre les mauvais souvenirs issus de tels pourparlers », a déclaré Rose Kahavu, une autre manifestante.
Des opérations conjointes entre l’armée congolaise et l’armée ougandaise sont en cours dans la région, mais elles n’ont pas encore permis de mettre un terme définitif aux violences. Le président congolais, Félix Tshisekedi, a récemment annoncé, le 12 octobre, la poursuite de la coopération militaire avec l’armée ougandaise dans la lutte contre les ADF dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette décision a été entérinée à l’issue d’une réunion d’évaluation des opérations entre les états-majors des forces armées des deux pays, tenue à Kinshasa du 10 au 11 octobre 2024.
Cependant, la société civile accuse l’Ouganda de soutenir les rebelles du M23, et un récent rapport des experts de l’ONU l’accuse d’avoir facilité des réunions entre les cadres du M23-AFC sur son territoire. Le porte-parole de l’armée ougandaise, le brigadier général Félix Kulayigye, a rejeté ces accusations, qualifiant le rapport de « non scientifique » et de « biaisé ». « Nous n’avons aucune raison de soutenir ces rebelles alors que nous faisons partie des mécanismes régionaux de résolution des conflits dans l’est de la RDC. Ces allégations ne font que saboter nos efforts », a-t-il déclaré.
En rappel, les opérations conjointes entre l’armée congolaise et l’armée ougandaise ont été lancées le 30 novembre 2021 contre les ADF, alliés à l’État islamique, accusés d’être les auteurs des massacres de centaines de civils dans ces provinces.